Contrefaçon :
Comment ne plus être un pigeon !
Le guide ultime
La plus grande convention d’Europe approche à grands pas, et vous êtes fans de produits dérivés ?
Voici mon petit guide pour débusquer les pires supercheries, en direct de Hong-Kong !
Salut, moi c’est Mümü, nerd matérialiste pas du tout millionnaire, collectionneuse de goodies, accessoirement cosplayeuse à l’oeil de faucon.
Avec plus de 10 ans d’expérience en convention, actuellement en stage au pays de la contrefaçon, je vous livre mes petites astuces pour être sûr(e)s d’acheter de l’officiel !
Ce guide s’adresse aux collectionneurs, fans, ou tout simplement aux gens qui aiment les goodies. Sachez que vous êtes libres d’acheter de l’officiel ou non, mais les bénéfices générés par des produits dérivés non officiels n’iront en aucun cas à l’artiste, la marque, la maison d’édition etc… C’est tout un circuit mis en péril par des compagnies peu scrupuleuses et irrespectueuses envers l’oeuvre originale. C’est assez long, vous êtes prévenus !
Bien que les conventions opèrent d’elles-mêmes une chasse à la sorcière, il est courant d’y rencontrer des contrefaçons.
Je parlerai des plus courantes : des figurines aux t-shirts en passant par les robes de lolita…
et des techniques de vieux Sioux pour les reconnaître !
Goodies : produit dérivé dans lequel tu vas claquer tout ton salaire/argent de poche. Ne lutte pas.
Les prizes (prix) : lots de qualité variable au Japon, ils peuvent être très bien faits et peu chers. Ils se gagnent à la loterie. En général ils sont référencés par une petite affichette qui regroupe les principaux goodies à gagner, leur revente est normalement interdite mais certaines boutiques se débrouillent. L’origine des produits est à vérifier.
Bootleg : contrefaçon, en général de figurine, peut être de t-shirt, etc…
Recast : s’applique à tout goodies “plastiques”, en 3D : figurine, poupée… Les studios de sculpteurs, en particulier de Ball Jointed Dolls (BJD) s’en mordent les doigts. Des usines achètent leurs modèles de poupées (en général sculptées et peintes à la main/tirées en petites quantité) et les reproduisent en grande quantité. Fléau de la création, ils sont à chasser.
Une fausse figurine de Miku aux détails peu gracieux. Remarquez la peinture qui tremble, le visage perd de ses détails et les détails des cheveux! Certaines parties ne sont plus brillantes. Les couleurs ne sont pas harmonieuses.
A quoi reconnaître un recast?
Certains sont très bien faits, mais les recasts contiennent souvent des marques de démarcations dues au moulage, des détails mal passés au moulage de la pièce originale, et les finitions/peintures sont hasardeuses. Soyez bien attentifs aux détails du visage, c’est la première chose à regarder, aux couleurs utilisées, ou aux petits détails, comme les cheveux (qui sont en général plus grossiers) ou aux parties détaillées, transparentes. Souvent elles deviennent opaques ou moins fines.
Les signes pour débusquer la contrefaçon, en particulier les peluches, figurines, porte-clefs dérivés d’animes, mangas, jeux japonais :
Les boîtes : souvent scannées, les couleurs sont fades ou beaucoup trop flashy, les contours et la typographie sont pixelisés, les logos bougent de place. Si vous achetez un produit japonais et que la boîte est en chinois, passez votre tour. Aussi, beaucoup de vendeurs vendent les figurines sans boîte, ce qui est aussi mauvais signe. Demandez toujours à voir la boîte de l’objet que vous achetez, mais méfiez-vous, les commerçants peu scrupuleux peuvent intervertir boîtes originales et contrefaites.
(à gauche, boîte contrefaite : couleurs criardes et typographie douteuse, les couleurs de l’illustration ne correspondent même pas à la figurine en vrai !
En bas, un modèle assez commun de boîtes contenant des bootlegs : infographie similaire, vitre en plastique qui se décolle, éléments qui se baladent dans la boîte…)
Le prix : Un excellent indicateur de fakitude.
En général un Nendoroid avoisine les 40 euros, selon les accessoires et la rareté. Bien que les funko pop soient vendues pour une bouchée de pain aux USA, 8 euros, en France vous en trouverez plus aux alentours de 10-15 euros. Les figmas sont aux alentours de 30 euros. Les hot toys avoisinent les 400 euros. Les prizes (prix de loterie au Japon) peuvent être peu chères malgré de bonnes finitions, donc si possible, vérifiez les prix et visuels sur internet ! Il peut y avoir de bonnes “occasions” aussi en convention, surtout si vous pouvez négocier le prix (comme le dimanche où les exposants en ont marre…). Donc attention au décalage entre les prix en salon, sur internet, et ceux fixés par la production… (à gauche, ces figurines sont vendues entre 30 et 100HKD, soit 4 à 10 euros pièce! Puis sans boîte… suspect…)
Les certificats : que vous achetiez à un professionnel ou un particulier, si le produit dérivé est officiel, il devrait y avoir une carte d’authenticité, en particulier si son prix excède la centaine d’euros.
Bien que cela puisse être détourné, vous pourrez avoir accès au numéro de série si le produit est édité en petite quantité, et pouvoir vérifier son authenticité. (quoi ? ce marchand vend 10 unités de cette statuette ultra limitée d’Iron Man? MASAKA !)
Les étiquettes : en général elles comportent des informations légales, des lignes de blabla en japonais, un visuel/le logo de l’anime, et souvent un petit autocollant “hologramme”, même si certains sont faciles à détourner. Faites la chasse aux étiquettes ! Si elle vous semble ne pas correspondre à l’identité visuelle de l’oeuvre, évitez. Parfois des goodies d’une licence peuvent être étiquetés avec le nom d’une autre… Fuyez !
Ici une étiquette « hologramme » officielle Disney, près du code barre. Elle est argentée et devient arc-en-ciel si exposée au flash.
Un exemple d’étiquette DE CONTREFAÇON décortiquée, ici d’origine japonaise pour la licence « My Little Pony » source.
Coin gauche : avertissement de sécurité
Coin droit : le produit a été certifié et testé par les autorités japonaises
Coin droit (bas) : matériau
Coin gauche (bas) : avertissement de sécurité
Ici les faussaires ont été malins : ils reprennent tous les visuels officiels et informations les plus courantes. Cependant le logo est faux, il n’y aucune information sur la licence, et l’envers est blanc (c’est le cas de beaucoup d’étiquettes contrefaites)
Concernant les petits goodies type porte-clés, straps, en gomme ou en plastique dur, vous verrez souvent des stands avec des portants fourmillant de porte-clés en tout genre. Évitez-les. La plupart de ces accessoires sont en général vendus au Japon dans des boîtes (au hasard) ou dans des gashapon (tirettes). Certains sont assez mal faits et ont des parties non colorées voir fondues.
A gauche, des petits goodies en vrac : de la trousse, à la peluche en passant par le porte-clefs…
Les porte-clés en gomme, plus ou moins bien faits, vendus dans ce genre de sachet sont faux.
Même chose pour les portes-monnaie : toujours le même modèle mais des impressions différentes. Même chose pour les masques. Les impressions sur PVC Yuri on Ice, très mal détourées, ont aussi retenu mon attention…
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Même chose pour les peluches “en vrac” sous une bâche de plastique : la plupart sont vendues dans des magasins spécialisés (Pokécenter pour les Pokémons), ou peuvent être attrapées à la pince dans des jeux d’arcade licenciés. Cependant, vous pouvez aussi en trouver des officielles. Dans ce cas vérifiez bien les finitions : yeux brodés ou peints? Éléments collés ou cousus ? Les détails du personnages sont-ils respectés malgré la taille de la peluche ? Couleurs fidèles ?
Le genre de stand qu’on voit dans toutes les conventions, avec des imitations plus ou moins réussies… (source)
Il est toujours bon de confronter original et copie si vous en avez l’occasion ! Source
Des peluches venant de grandes licences (ici Sanrio-X) emballées individuellement aux proportions douteuses et sans étiquettes ? FAAAKE! Source
Concernant les autres goodies :
La plupart des goodies avec un visuel dessiné reprennent le style original de l’oeuvre.
Si vous voyez un visuel dont le style est trop éloigné de l’oeuvre originale : méfiez-vous. C’est sûrement un dessin volé à un artiste et bêtement imprimé sur du coton.
Les t-shirts : vérifiez bien les visuels : pixelisé ? couleurs étranges ? qualité du tissus ? Beaucoup de t-shirts de licences officielles viennent de marques connues comme “fruit of the loom”.
Des fois les imitations sont vraiment évidentes… Personnages déformés, couleurs saturées ou air un peu… abruti.
Même chose pour les serviettes de plage et dakimakura. Même si la plupart du temps les visuels ont tendance à être des personnages en position lascive, ils respectent l’esthétique originale. Ces goodies sont en général très gros, donc n’envisagez pas de les acheter à moins de 50 euros, un dakimakura pouvant monter jusqu’à 200 euros ! Les dakimakura et serviettes sont en général très doux, en polyester ou coton mélangés. Si c’est rêche, en particulier si la fibre « boucle » de manière peu naturelle, c’est un gage de mauvaise qualité dans 3/4 des cas.
J’ai tripoté Emilia et Nico pour vous, elles n’étaient pas très douces… tissus rêche/désagréable au toucher.
Yurio qui a la rage d’être imprimé tout pixellisé sur du tissus tout pourri (c’était VRAIMENT comme ça!)
Les posters et “wall scrolls”/kakemono : difficiles à vérifier, un wall scroll officiel vaut minimum 35 euros. Fuyez les boutiques qui en vendent à la douzaine, dans des cartons ou aux murs, surtout si elles vendent des visuels issus d’animes dont les studios/l’entreprise sont différents. Ces produits dérivés sont souvent à gagner comme lots de consolation, vous devriez trouver un flyer avec.
à gauche, un stand qui vend plusieurs visuels : animes, célébrités… suspect! le matériau est de basse qualité et pixellisé.
Les livres (artbooks) et CDs : un peu plus délicats à discerner, ils sont souvent vendus à prix d’or, parfois plus cher que les officiels ! Faites attention aux artbooks et CDs écrits en chinois, ils peuvent tout aussi bien être des importations ou des contrefaçons. Vérifiez que les labels de l’artiste soient bien présents, que le produit soit emballé, les images non pixelisées et le produit de qualité. Soyez attentifs : si les lettrages ne sont pas conformes aux photos que vous pouvez trouver sur internet , ou ne sont pas brillants comme le produit officiel devrait l’être, que certaines couleurs ou matériaux divergent, c’est un faux. Certaines maisons sont à éviter comme “Miya Record”. Pour des CDs, ils commencent à 15 euros, mais peuvent varier selon leur rareté (comme beaucoup de choses !) ou leur date de parution. Par exemple le dernier très particulier EP de G-Dragon “Kwon Ji Yong” (une clef USB dans une boîte rouge) est vendu entre 20 et 40 euros en Corée.
Pour un artbook, disons, de Clamp, les prix commencent autour de 25 euros. Attention encore, si des illustrations se répètent, du contenu est en chinois, les images ne sont pas bien nettes ou ont des thèmes trop éloignés (si l’artbook est centré sur un univers particulier) : c’est sûrement un faux. Certains industriels peu scrupuleux n’hésitent pas à balancer tout et n’importe quoi dans un bouquin pour en faire un « artbook » avec du papier de qualité inférieure.
De manière générale, les délivrés d’artistes/célébrités, en particulier : chanteurs de K-pop, acteurs de dramas… Ils ont peu souvent des goodies officiels, qui peuvent revenir très cher. Il est monnaie courante de voir leurs photos (qu’elles soient professionnelles à leur instagram personnel) réutilisées en goodies de tout genre : badges, affiches… Si vous voulez aider l’artiste, achetez dans sa boutique officielle ou les œuvres licenciées dans lesquelles il apparaît !
A gauche, des images instagrams volées pour faire des sortes de porte-clefs/magnets style polaroid, en bas des posters d’Exo vendus au même prix que des anti-stress en mousse : le respect coûte 10 HKD (1.20 euros).
Les autres types de produits dérivés & licenciés :
Les robes, sacs, chaussures de marque :
Que ça soit de style sweet lolita, de l’EGL, ou marques H. Naoto, Innocent World, Galaxxxy…
Bien que je ne sois pas une experte, je sais qu’on peut trouver de la mode “japonaise” ou “coréenne” à tous les prix et pour tous les goûts. Par exemple, le lolita (type Bodyline qui est un peu moins cher que des marques comme Baby The Stars Shine Bright). Si vous trouvez une robe estampillée “Angelic Pretty”, neuve, à moins de 250 euros, j’aurais des doutes à votre place ! Faites attention aussi aux matières et imprimés… Même chose pour les sacs, vérifiez les finitions, la qualité des coutures, fermetures et boutons. Si vous tirez dessus (doucement et discrètement), et que ça reste dans votre main… Faites un joli moonwalk vers la sortie.
Mention spéciale à BlackMilk (marque underground spécialisée dans les leggings avec des imprimés numériques de haute qualité sur du lycra très résistant; un leggings coûte 50-60 euros) qui se fait piller ses designs depuis des années. Les contrefaçons sont de mauvaise facture, se trouent facilement, le motif est fade/pixelisé. Souvent copiés (sur Aliexpress/eBay), jamais égalés.
Les cartes Pokémon, Yu-gi-oh, Magic… Encore un style de produit difficile à identifier. Soyez bien attentifs au visuel sur les boosters et de leur qualité. Si des cartes sont vendues à la pièce, préférez les éditions françaises aux japonaises et anglaises, car moins contrefaites. Essayez d’avoir une carte officielle avec vous pour comparer : la taille des caractères, la couleur du dos (les contrefaçons sont souvent plus claires ou plus foncées sur le recto), la présence de l’hologramme, les valeurs de la carte (sont-elles plausibles ?).
à gauche, un guide pour reconnaître les fausses cartes vu sur une discussion Reddit
Les produits dérivés de jeux vidéos :
Blizzard, Riot en particulier sont victimes de leur succès. Il est monnaie courante de voir des magasins entiers vendre des produits dérivés issus des licences à succès : Overwatch, League of Legends, Diablo, Path of Exile (non je déconne). Beaucoup de stands proposent des tonnes de goodies importés de Chine : tapis de souris, mugs, posters… Ne les achetez pas, préférez les stands officiels et le shop officiel, les partenaires de l’éditeur qui sont souvent en convention. Les produits dérivés de Riot ont un style bien précis : « cartoonesque » et carré, avec une peinture très soignée. Ils ne vendent pas de figurines sur un petit socle dans le style Nendoroid non articulé, que l’on voit souvent dans les conventions. Si votre main manque à l’appel du shop officiel, attendez sa sortie 😉
à gauche, accompagnée de Rem, une Ahri sans bras. Normalement c’est une Nendoroid édition très limitée des Worlds en Corée (2014). Introuvable, elle sera bientôt rééditée… en attendant, on ne trouve que des copies. Notez que les boîtes des copies sont assez « standards » et partagent toute la même infographie. Les dessins utilisés sont souvent volés, le contenu texte truffé de fautes, miam.
Je tiens quand même à faire une parenthèse sur…
Les cosplays et répliques : sujet assez compliqué à juger, car il existe très peu de costumes et répliques officielles.
Trouver un cosplay officiel est très difficile. Les répliques d’armes sont monnaie courante en convention mais combien sont réelles ? Souvent manufacturées en Chine, elles sont de piètre qualité. Comptez 600 euros pour une réplique officielle de “plasma needler” de Halo. Si vous souhaitez acheter une réplique, et qu’elle n’existe pas en officiel, vous pouvez aussi vous tourner vers des petits artisans-cosplayeurs, ils sauront satisfaire vos besoins geek.
à gauche, un fusil de Widowmaker (Overwatch). Blizzard n’a jamais édité de props officiels.
En conclusion, essayez au maximum d’acheter aux revendeurs officiels ou boutiques officielles présentes en convention (Goodsmile, J-List, Abysscorp, Kotoeu etc…). Si vous avez un doute sur une pièce, il est possible que toute la boutique soit des contrefaçons, même si les conventions essayent au maximum de les éliminer, question d’image et sérieux !
Si vous ne trouvez que des faux goodies d’une licence que vous aimez, pensez aux petits artistes et fanzines, au moins vous savez à qui vous achetez. Ils sont souvent “volés” par les industriels à l’origine des contrefaçons, que ça soit leur dessins ou leurs modèles (encore la technique de rachat puis production en gros, cela s’applique aussi aux peluchiers et créateurs de mode).
Vous êtes prévenus! 😉
Partage ou t’as un gage !
Bisous, Mümü!
Note : La plupart des images utilisées viennent de mon voyage en Chine ou de sites extérieurs qui sont cités.